Quelle est l’origine du karaoké ?
Le karaoké tel qu’on le pratique aujourd’hui nous vient du Japon. Le karaoké est un mot Japonais et la première machine à karaoké a été créée au Japon en 1971. Pour autant, la pratique du chant populaire en groupe, dans des bars ou sur la place publique, est beaucoup plus ancienne en France et d’une manière générale en occident, et les premiers films affichant des paroles synchronisées avec de la musique ont été réalisés en 1926 aux États-Unis par Max Fleischer.
Capture d’écran du premier film de karaoké de l’histoire sur la chanson Sweet Adeline, en 1926
Les chanteurs de rue
Le plus anciens orgue de Barbarie connu date du début du XVIième siècle !
Photo: Hillary Perkins (Flickr) CC-by-sa
Autant dire que chanter avec un accompagnement mécanique ne date pas d’hier.
Photo: « le marchand de chansons » Domaine Public
Cette gravure de 1630 représente un marchand de chansons. Elle est issue d’un recueil intitulé « les cris de Paris » et qui présente les petits métiers de Paris.
Les marchands de chansons étaient des colporteurs qui vendaient les paroles de chansons populaires dans les rues de Paris.
1880 à 1950 : Les livrets de chants populaires
A la fin du XIXième siècle, grâce à l’école publique et l’instruction obligatoire, une part grandissante de la population est alphabétisée, et c’est l’explosion des livrets de chansons imprimées.
Photo: Patricia M (Flickr) licence cc-by-sa
La maison d’éditions Salabert entre autre va populariser la chanson au moyen de livrets contenant textes et musique. Ces recueils de chansons seront très populaires au début du vingtième siècle et jusque dans les années 50, à l’époque où les machines à karaoké s’appelaient piano ou accordéon et nécessitaient un musicien en chair et en os.
1926 : Le premier Karaoké au cinéma
La technique du bouncing ball (balle qui rebondit) a été créée par Max Fleischer pour la chanson Ko-ko song car tune. Le texte de la chanson défile pendant que la musique est jouée, et une balle saute de syllabe en syllabe, synchronisée avec le rythme de la musique.
On a de toute évidence un ancêtre du karaoké moderne, la différence étant que pour cette version archaïque de karaoké la voix n’a pas été enlevée pour laisser uniquement la partie instrumentale comme pour les karaokés modernes.
1971 : La première machine à Karaoké, le juke-8
La première machine à karaoké a été construite par un japonais Diasuke Inoue. C’était lui même un musicien qui animait des évènements où les gens pouvaient chanter.
Il a eu l’idée de créer sa machine parce que des clients lui demandaient des prestations alors qu’il n’était pas disponible.
La machine à karaoké de Inoue consistait en une enceinte amplifiée avec un micro, un lecteur de bandes, et un mécanisme à pièces pour pouvoir payer.
Les premiers morceaux pour machine à karaoké étaient les bandes sons utilisées par les chanteurs professionnels pour la radio quand ils n’avaient pas un orchestre à disposition pour les accompagner.
Cette machine a été installée dans les bars du Japon et a lancé la mode du karaoké au Japon, ainsi que des bars à Karaokés.
Machine à karaoké – années 90 – photo domaine public
Depuis, de nombreuses marques se sont lancées dans la fabrications de machine à karaoké à destination des particuliers et de professionnels. Certaines, comme la marque Tosing, proposent même des micros avec enceintes intégrées.
Évolutions du format karaoké
La machine Karaoké de Inoue utilisait un format de bande magnétiques 8 pistes, d’où son nom de juke-8.
Dans les années 80, on utilisait des disques laser, qui avaient à peu près la taille d’un disque vinyle et étaient à double face. Les pistes étaient composées d’un clip vidéo et d’une bande audio. Les mots étaient superposés au clip vidéo et comportaient une « balle rebondissante » pour indiquer où le chanteur devait chanter. Plus tard, ce système a été remplacé par des mots changeant de couleur.
Chaque chanson a était enregistrée sur les pistes audio des canaux gauche et droit. Alors que le canal de droite contenait une piste vocale guide, le canal de gauche ne contenait que de la musique. L’opérateur n’avait qu’à appuyer sur un bouton de la machine pour jouer en stéréo, sur le canal gauche seulement ou sur le canal droit seulement.
Le format est ensuite passé au vcd (video compact disc: le bon vieux CD des années 90) qui, bien qu’il soit simple face, contient autant de pistes qu’un disque laser mais sur un CD. L’enregistrement et la lecture sont restés les mêmes avec la stéréo/L/R pour jouer ou éliminer les voix guides.
Les disques DVD ont rapidement suivi, avec un format généralement similaire au vcd, avec un clip vidéo, ce qui a permis d’afficher les paroles de façon beaucoup plus efficace.
Depuis l’arrivée du MP3+g(mp3+graphique qui permet d’afficher le texte avec la musique) à la fin des années 90, il est devenu courant de voir des opérateurs utiliser des ordinateurs portables avec des dizaines de milliers de chansons à leur disposition. Celles-ci sont généralement au format MP3+g, mais peuvent aussi être au format midi+g (souvent de moins bonne qualité, au son artificiel), et plus récemment au format mp4+g. En général, aucun de ces formats ne contient de voix guide.
Le plus grand avantage du format numérique est la possibilité d’acheter et de télécharger des titres de karaoké individuels à la demande, et d’obtenir uniquement les titres souhaités.
Avec l’arrivée des smartphones, les applications de karaoké pour Android ou mac sont devenue la nouvelle norme pour la diffusion du karaoké.
D’où vient le mot karaoké ?
Le mot karaoké vient du japonais. C’était le terme utilisé pour désigné les bandes sons qu’utilisaient les chanteurs professionnels lorsqu’ils n’avaient pas d’orchestre à leur disposition pour chanter à la radio ou en concert.
Le terme karaoké signifie littéralement « orchestre vide ».
Différence entre karaoke et videoke
Le terme vidéoke est un synonyme de karaoké. Son utilisation laisse entendre que pour certain, la partie vidéo n’est pas indispensable pour définir un karaoké.
Effectivement, les premiers karaokés du Japon n’avaient pas la fonctionnalité Karaoké.
Il semble que le terme Vidéoké est surtout employé au Philippines ou son utilisation est très fréquente.
Videoke aux Philippines, photos Dindo Mojica (Flickr) licence CC-by
Qui est l’inventeur du Karaoké ?
Bien qu’il ait construit la première machine à karaoké, il paraît difficile de considérer que Diasuke Inoue est l’inventeur du karaoké après avoir vu la vidéo datant de 1926 !
En effet, l’affichage des paroles avec un guide pour les lires en même temps que la musique est un élément essentiel du karaoké.
Pour avoir un karaoké digne de ce nom il faut:
- Une bande son sans les paroles
- Un micro avec un système d’amplification
- Des paroles qui défilent sur un écran
Les deux systèmes:
- Le film de 1926 « bouncing ball movie » de Max fleischer
- La première machine à karaoké en 1971 de Diasuke Inoue
ne sont donc que des ébauches de karaoké qui est la combinaison de ces deux inventions.
Qui a le brevet du karaoké ?
Le karaoké en lui même n’est pas brevet, mais il existe un brevet de machine à karaoké.
les premiers sont ceux du Philippin Roberto del Rosario en 1983 .
Del Rosario gagne un procès contre Diasuke Inoue sur les droits du karaoké.
Pourquoi les Asiatiques aiment autant le Karaoké ?
Ce n’est pas qu’une idée reçu, le karaoké est beaucoup plus pratiqué en Asie Qu’en Europe ou aux États-Unis, et pas seulement au Japon. Le Karaoké est aussi une institution aux Philippines et en Asie du Sud Est.
Par exemple en Corée ou au Japon, si vous êtes entrepreneur, vous pouvez vous retrouver au Karaoké avec vos clients importants pour signer ou fêter un contrat. Cette situation est difficilement envisageable en France.
Vous me direz qu’il y a d’autres situations inimaginables en France et fréquentes au japon, comme de se retrouver à poil dans un bain public avec ses collègues de Bureau.
On peut essayer de proposer quelques raisons qui font que la pratique du karaoké est plus répandue en Asie que dans le reste du monde.
L’offre de Karaoké en Asie :
Il y a beaucoup plus de lieux destinés au Karaoké en Asie qu’en Europe. En France, certains bars vont proposer une soirée Karaoké une ou deux fois par semaine en utilisant la télé du bar ou du restaurant, mais il y a peu d’établissements spécialisés.
Au Japon il existe des bar à karaoké, avec des petites salles insonorisées que vous pouvez privatiser avec votre groupe d’amis.
Le karaoké en Asie : une tradition de socialisation
Dans de nombreux pays asiatiques, on s’attend à ce que vous sortiez avec vos collègues après la fermeture du bureau, et le karaoké est un choix populaire car il est considéré comme une sorte d’exercice de consolidation d’équipe.
En France, il est moins fréquent que les gens sortent avec leurs collègues, et s’ils le font cela sera pour simplement boire un verre en ville.
En Asie, le fait d’aller au karaoké avec des amis ou des collègues est moins une question de chant qu’une question de socialisation. Il s’agit d’un rituel sociétal qui donne lieu à une expérience partagée, permettant à ses participants de se lier plus profondément les uns aux autres dans un environnement sûr. Avec l’alcool comme facilitateur, cela ajoute à l’environnement festif qui permet aux gens de se défaire de leur pudeur et de leur sens du professionnalisme et d’être plus détendus et de moins craindre le jugement des autres.
Peut être que le succès du karaoké en Asie est du au fait que les relations sociales sur le lieu du travail sont plus formelles en Asie que dans les pays occidentaux.