Si vous cherchez à acheter une table de mixage (parfois appelée console, ou mixer), vous êtes probablement noyé par la quantité d’options et la variété des modèles et des types de tables de mixages proposées sur le marché.
Après avoir lu ce guide je pense que vous y verrez plus clair.
A quoi sert une table de mixage ?
La fonction de base d’une table de mixage audio est de répartir des signaux audios d’entrées vers des signaux audios de sorties. Elle peut aussi dans certains cas comprendre un amplificateur et des effets pour traiter le son.
Les tables de mixages sont généralement utilisées :
- En concert
- Pour un DJ, ou une animation musicale
- Pour une conférence
- Pour une salle de répétition
- Pour enregistrer en studio
- Pour fusionner un set de plusieurs instruments (par exemple si vous jouez avec plusieurs claviers)
Typiquement les entrées peuvent être :
- Des micros,
- Des instruments (claviers, guitares…)
- Des bandes sons provenant de sources diverses (clé USB, smartphone, lecteur de CD, platines vinyles)
Pour les sorties, on trouve :
- Les enceintes de sonorisations d’un concert (la façade)
- Les retours de scène
- Des enceintes de monitoring
- Un casque
- Un ordinateur
- Un enregistreur …
A l’aire du numérique, les tables de mixages peuvent avoir d’autres fonctions (par exemple certaines tables peuvent directement enregistrer votre concert), et inversement certains appareils (comme des enregistreurs multipistes) peuvent servir de table de mixage alors que ce n’est pas leur fonction première.
Il existe des surfaces de contrôle qui peuvent mixer autre chose que de l’audio (du signal midi ou vidéo par exemple), et des systèmes mixtes.
On commence à comprendre pourquoi il y a une telle diversité de tables de mixages : c’est parce qu’il y a une grande diversité d’utilisations différentes.
Les différents types de tables de mixage
Consoles analogiques
Les tables de mixages les plus courantes et les moins chères sont (pour l’instant) les tables analogiques.
Analogique veut dire que le signal audio est directement traité par des circuits électroniques, sans passer par le stade de l’échantillonnage numérique.
Si vous voulez juste brancher quelques entrées (disons moins de 20) vers quelques sorties, c’est ce qu’il vous faut.
Analogique ne veut pas dire que vous ne pouvez pas interfacer votre table de mixage avec des appareils numériques.
Par exemple certaines tables analogiques ont une fonction d’enregistrement de votre mix qui va convertir le signal audio en signal numérique.
Simplement la conversion audio vers numérique se fait après le bloc mixage.
De la même manière, des tables de mixages analogiques peuvent très bien accepter une clé USB comme entrée pour une bande son par exemple.
Dans ce cas le signal numérique de la clé USB est converti en signal audio avant de passer dans le bloc « table de mixage » proprement dit.
Les tables de mixages analogiques disposent aussi souvent d’une interface USB intégrée qui leur permet de servir de carte son pour votre ordinateur.
Cette table de mixage Alesis multix 8 prend la poussière depuis des années dans ma salle de répétition / local à vélo, je l’avais achetée il y a une dizaine d’années pour sonoriser un trio.
Elle a bien bourlingué et n’a pas pris une ride.
On voit en bas à droite une prise USB qui la relie à l’ordinateur. Elle sert d’interface audio à un PC sous Linux. Elle dispose de 4 entrées monos micro/ligne (XLR et Jack), plus deux entrées stéréos ligne.
Avantages des tables de mixage analogiques :
- Le prix
- La simplicité d’utilisation
- Une fois qu’on sait en utiliser une, on sait les utiliser toutes (plus ou moins!)
- Pour les puristes, le son analogiques
Inconvénients :
- Vous allez être limités sur le nombre d’effets utilisables
- La taille de la taille est proportionnelle aux nombre d’entrées
- La taille de la table est proportionnelle (aussi!) au nombre de fonctionnalités (par exemple, les effets ou les équaliseurs)
- Pas de possibilité de mémoriser les réglages (sauf pour des tables de mixages motorisées vintage professionnelles)
Consoles de mixage numériques
La différence entre une console analogique et une console numérique vient du fait que le signal audio est converti en signal numérique dès l’entrée.
Tout le traitement (mixage, effets, etc) se fait en mode numérique, et le signal numérique est converti en signal audio en sortie de chaîne.
En gros une table de mixage numérique est un ordinateur avec une interface de table de mixage.
Tous les contrôleurs (potards, sliders, etc) peuvent donc être affectés à différentes tâches, car la partie mécanique de la console est en réalité une surface de contrôle.
La taille de la console n’est donc plus proportionnelle ni au nombre d’entrées et sorties, ni aux fonctionnalités.
Grâce au numérique, on trouve maintenant sur le marché des tables de mixages portables, qui dans le passé auraient été de véritables meubles.
Mais ce n’est pas tout, une console numérique offre de nombreuses possibilités :
Les effets numériques :
Avec une console numérique, vous avez un nombre, important d’effets que vous pouvez ajouter à votre mix, à chaque piste séparée, ou à chaque sortie.
Un effet important, et qui peut justifier à lui tout seul le surcoût d’une console numérique par rapport à une console analogique, c’est l’équalisation.
Bien sûr les consoles analogiques ont en général un petit équaliseur intégrée à chaque tranche de la console. Cet équaliseur permettra de colorer le son (avoir un peu plus de basse ou d’aigus), mais pas de le traiter pour corriger les défauts de la salle, ou éviter le larsen.
Le sujet de l’équalisation du son lors d’un concert dépasse le cadre de cet article. Mais on va aborder rapidement le traitement du Larsen.
Pour traiter le larsen, en gros, vous devez repérer les fréquences qui provoquent le larsen, et les atténuer.
L’atténuation peu se faire dans l’entrée, mais aussi, et c’est en général préférable, dans le circuit de retour.
Pour éviter de trop dénaturer le son général, il vous faut un équaliseur très précis, centré autour de fréquences choisies, et ça l’équaliseur à 3 bandes d’une table de mixage analogique de base ne peut évidemment pas le faire.
Donc, si vous avez une table analogique et que vous voulez traiter le feedback en concert, il vous faudra acheter en plus un ou plusieurs équaliseurs à bandes que vous allez placer en sortie vers les retours ou les façades.
Avec une console numérique, les équaliseurs numériques intégrés règlent le problème sans matos supplémentaire !
Vous avez bien sûr une tonne d’autres effets plus ou moins utiles mais qui pourront vous faire économiser beaucoup d’argent et de manipulation de câbles et de matos par rapport à une table analogique.
Et on en vient au deuxième avantage des tables numériques : la mémorisation des réglages
Automatismes et mémorisation des réglages
Imaginez que vous sonorisez un petit concert avec deux groupes qui se suivent.
Vous allez probablement utiliser les mêmes micros pour les deux groupes.
Normalement, vous allez faire la balance des deux groupes avant le concert, pour éviter d’embêter le public avec une longue balance entre les deux groupes.
Donc vous faites d’abord la balance du deuxième groupe, ensuite celle du groupe qui passe en premier pour que ces réglages soient prêts dès le début du concert.
Et là le problème, c’est qu’il va vous falloir noter les réglages du premier groupe (pour chaque piste, chaque potard, chaque fader …) afin de les reproduire lorsque vous changerez de plateau poru la deuxième partie du concert.
Le problème, c’est que d’une part c’est fastidieux, et ça risque de ne pas être précis. Vous allez donc devoir refaire une mini balance avant que le deuxième groupe ne joue.
Mais c’est, c’était avec les consoles analogiques.
Si vous avez une console numérique, vous faites la balance du premier groupe, vous la mémorisez, et vous rappelez la configuration avant le début du concert.
Les anciennes consoles analogiques haut de gamme avait des faders motorisés qui bougeaient tout seuls pour pouvoir rappeler des réglages mémorisés.
Cette possibilité de mémoriser votre configuration peut être aussi utile si vous utilisez la même table pour les répétitions ou pour les concerts.
Ou si plusieurs groupes partagent un même local pour les répétitions.
Je sens que vous commencez à préférer les consoles numériques aux analogiques, mais je vous ai réservé le meilleur pour la fin.
Le pilotage à distance de la table de mixage
Là pour les petits groupes qui se sonorisent eux même, c’est magique.
Les ingés sont professionnels ont en général leur table de mixage installée dans une espèce de carré VIP situé au fond de la salle de concert, juste en face de la scène, de façon à entendre le même son que les spectateurs.
Mais dès que vous faîtes la sono pour vous, ou que vous sonorisez un petit lieu, ou dans un cadre associatif, il y a fort à parier que la table de mixage sera posée sur le bord e la scène, et donc vous ne pourrez pas en même temps entendre le son dans la salle et manipuler la table de mixage.
Il vous faudra donc faire des aller retour entre la table et la salle pour voir l’impact de vos manipulations, ou demander à quelqu’un de commenter le son depuis la salle pour vous permettre de faire les réglages sur la console.
En gros c’est la misère.
C’est là que la console numérique vous sauve la vie : vous pouvez entièrement la contrôler avec votre smartphone ou une tablette.
C’est à dire que vous pouvez vous promener dans la salle pendant la balance et faire tous vos réglages en même temps.
Cette fonctionnalité est utilisée aujourd’hui même dans les grandes salles pour permettre à l’ingénieur du son de régler les volumes des retours directement depuis la scène alors que la table se trouve à l’autre bout de la salle en régie.
Tables de mixages exotiques :
Surfaces de contrôles
Si vous avez une carte son avec plusieurs entrées sur votre ordinateur, vous pouvez contrôler les différentes pistes sur votre DAW (comme ableton ou Garage band) à partir d’une surface de contrôle qui de fait se manipulera comme une table de mixage.
Mais aucun signal audio ne passe par la surface de contrôle.
Il existe aussi des mixers qui vont traiter du signal midi pour « mixer » différentes synthétiseurs et boites à rythmes.
Là encore, aucun signal audio n’est traité, mais le mode de fonctionnement est similaire à celui d’une table de mixage.
Consoles amplifiées
Certaines tables de mixages disposent d’un amplificateur intégré.
Il n’y a plus qu’à brancher des enceintes passives pour avoir un système de sono complet.
Cette configuration ne me paraît pas optimale car il existe aujourd’hui des enceintes amplifiées de grande qualité à un prix raisonnable.
Enregistreurs multipistes
Tout comme il existe des tables de mixages qui ont une fonction d’enregistrement, certains enregistreurs multipistes peuvent servir de table de mixage.
Avec sa série Livetrack , Zoom a aboli les frontières entre console analogique et numérique et entre table de mixage et enregistreur.
Les Zoom L8 L12 et L20 sont des tables de mixages et des enregistreurs multipistes (8 12, et 20 pistes) à la fois.
Bien que la partie table de mixage soit analogique, il est possible de mémoriser les réglages (volume, équalisation et effets de chaque entrée) de la table.
Les fadeurs ne sont pas motorisés (ils ne bougent pas lorsqu’on rappelle une scène), mais ils gardent bien la valeur de la scène tant qu’on ne les manipule pas en les faisant passer par la valeur enregistrée.
Vous pouvez profiter de l’enregistreur pour enregistrer vos concerts live avec chaque micro sur une piste séparée, ce qui permet de refaire tranquillement le mixage à la maison pour la chanson Live que vous posterez sur Youtube.
Critères de choix d’une console de mixage :
Maintenant qu’on a un aperçu des différents types de tables de mixage du marché, on peut passer aux critères de choix de votre mixer.
Entrées nécessaires
Il vous faut recenser les entrées et les sorties dont vous aurez besoin en mode normal, et éventuellement pour des circonstances exceptionnelles.
Par exemple si vous jouez habituellement en duo avec deux guitares et deux voix, il vous faudra prévoir à minima 4 entrées micros.
Éventuellement 2 entrées micros et deux entrées lignes feront l’affaire si les guitares sont amplifiées à la sources, mais prévoir 4 entrées micros (en général une entrée micro peut commuter en entrée ligne) paraît un minimum parce que vous pourrez avoir l’envie de jouer avec des guitares acoustiques dont le son sera capté par un micro.
Si vous prévoyez d’utiliser un microphone statique, il faudra que la table dispose d’une alimentation fantôme sur au moins une entrée micro (c’est en général le cas).
Attention : dans les descriptions produits des tables de mixages des boutiques en lignes, les sites indiquent en général en gros les entrées totales de la table.
SI vous avez par exemple deux entrées micros et une entrée auxiliaire pour par exemple un lecteur de CD, vous lirez « table avec 4 entrées » (2 entrées mono pour les micros et une entrée stéréo donc comptée deux fois pour l’auxiliaire).
Dans ce cas vous n’avez en fait que 2 entrées utiles, parce que l’entrée auxiliaire ne dispose pas des mêmes contrôles que les autres entrées (en général l’entrée auxiliaire n’a qu’un contrôle de volume et pas d’équaliseur par exemple), et en plus les contrôles des deux voies stéréos sont communs.
Donc comptez dans vos entrée utiles uniquement les entrées de tranches. En général vous aurez des entrées mixtes ligne/micro, avec la possibilité de brancher un câble jack ou xlr au choix.
Les entrées auxiliaires, c’est en plus. On peut les utiliser exceptionnellement pour brancher un clavier ou une boîte à rythme, mais c’est pas fait pour.
Ce qui peut se faire éventuellement, c’est de brancher la sortie d’une table de mixage sur l’entrée auxiliaire d’une deuxième table pour avoir plus d’entrées.
C’est pas ce qu’il y a de plus commode pour faire le son en concert, mais si vous avez déjà par exemple une table avec 6 entrées et que vous avez besoin de façon exceptionnelle de 6 entrées de plus, ça peut être plus intéressant d’acheter une deuxième table 6 entrées (ou d’emprunter celle d’un copain) que d’acheter une table à 12 entrées beaucoup plus chère.
Ceci dit vous vous lasserez rapidement de ce genre de bricolage !
Sorties nécessaires
Pour les sorties, en général toutes les tables proposent à minima deux sorties stéréos, une pour la façade, et une pour le monitoring, et une prise casque.
Vous aurez peut être besoin de sorties supplémentaires pour les retours (ce sont les enceintes que vous placez sur scène pour pouvoir bien vous entendre).
Dans les configurations les plus simples , vous pourrez utiliser la sortie monitoring voire même la sortie casque.
Mais là encore, c’est du bricolage.
L’intérêt d’avoir de vrai sorties pour le retour est que vous pourrez faire un mixage différent pour les retours (ce qu’entendent les zicos) que pour la façade (ce qu’entend le public).
Là où les choses peuvent se compliquer, c’est si vous voulez plusieurs retours avec chacun un mix personnalisé (le batteur voudra peut-être plus de basse dans son mix, et le guitariste plus de voix par exemple).
Si vous utilisez un système de diffusion avec plusieurs enceintes situées éventuellement dans des salles différentes (pour sonoriser un restaurant par exemple), il vous faudra aussi avoir plusieurs sorties avec chacune au minimum son réglage de volume.
Notez qu’il existe pour cette fonction particulier des systèmes de diffusions qui sont fait pour ça.
Effets intégrés à la table de mixage
Les tables de mixages analogiques ou numériques disposent en général d’effets intégrés.
Le minimum qu’on peut demander à une table de mixage est d’avoir un effet de réverbération qui sera en particulier utile pour le chant. Il faut pouvoir décider d’affecter cet effet piste par piste (vous n’avez pas envie d’appliquer la même réverb à la voix et à la batterie).
Il faut aussi un équaliseur.
Au minimum un équaliseur 3 bandes (grave, medium aigu) ou paramétrique pour chaque tranche.
Là aussi un équaliseur unique pour le mix final n’est pas du tout suffisant. Vous n’allez pas appliquer la même équalisation à la basse et à l’ukulélé !
Contrôleurs :
Les volumes de chaque piste, les effets, les différents réglages du sont, vont se faire physiquement par le biais de contrôleurs.
Dans le cas des consoles analogiques, il y a un contrôleur pour chaque fonction. Préférez pour le réglage des volume des faders qui coulissent plutôt que des potards à tourner. Vous verrez mieux vos réglages (l’inconvénient c’est que ça augmente l’encombrement de la table)
Dans le cas des consoles numériques, un contrôleur peut servir à de multiples usages.
On passe un menu sur un écran pour assigner une fonction à chaque contrôleur.
Attention : faire des allers retour entre un menu et les contrôleurs peut être rapidement fastidieux , donc il est préférable d’avoir un nombre suffisant de contrôleurs pour l’utilisation habituelle (par exemple si habituellement vous avez 6 entrées, c’est bien d’avoir au minimum si tranches de contrôleurs, et de n’avoir besoin des menus que dans des cas moins fréquents).
Table de mixage numérique vs analogique
Arrivé à ce point de l’exposez, vous vous dites certainement que les consoles numériques sont largement supérieures aux consoles analogiques.
C’est pas faux.
Mais attention tout de même : elles sont plus compliquées à utiliser.
Si vous débutez dans le mixage, préférez une console analogique qui sont beaucoup plus intuitives.
Il est conseillé de déjà comprendre comment fonctionne une table analogique avant de passer à une numérique.
Deux exceptions toutefois :
- Si vous êtes déjà un expert de la musique assistée par ordinateurs et des logiciels de DAW.
- Si vous faites tout avec votre téléphone portable.
Le prix
Le prix est un critère de choix évident, mais ce n’est peut être pas si simple.
Voyons déjà les ordres de prix pour une table de mixage :
Pour une table de mixage analogique, vous pourrez déjà sonoriser un petit groupe (4 entrées micros) pour environ 100 euros pour de l’entrée de gamme et 200 pour des marques plus réputées.
A partir de 300 euros, vous serez confortable avec plus de 10 canaux d’entrée.
Bien entendu comme pour tout le matériel audio les prix peuvent atteindre des hauteurs stratosphériques si vous êtes vraiment exigeant, et les modèles professionnels avec un grand nombre d’entrées coûtent plusieurs milliers d’euros.
Pour les tables numériques, le premier prix commence à 300 euros environ.