Comment chanter avec un micro

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On ne doit pas chanter dans le micro, mais chanter avec le micro. L’invention du micro et de la sonorisation a révolutionné la façon dont on chante sur scène.

Avant l’amplification, les artistes devaient atteindre le public au fond de la salle, et couvrir les instruments qui les accompagnaient par la seule puissance de leur voix.

Il en résultait des techniques de chant privilégiant la puissance que ce soit en musique savante (opéra) ou en musique populaire.

Les chants chuchotés à l’oreille étaient réservés à la sphère de l’intime.

L’arrivée du micro a permis d’élargir considérablement la palette sonore des chanteur et des chanteuses.

La façon dont vous allez vous placer par rapport au micro va dépendre de votre voix, du type de musique que vous jouez, et de vos choix personnels.

La plupart des artistes pop ou rock que l’on voit en concert chantent avec le micro très prêt de la bouche, mais ce n’est pas toujours le cas.

Comment chanter loin du micro pour pouvoir l’oublier

Regardez ce concert de Georges Brassens en 1969 à Bobino:

On voit qu’il est à au moins 15-20 cm du micro. Il bouge la tête en chantant, parfois en regardant le public à droite ou à gauche, parfois en regardant sa guitare en bas.

Pourtant le son est bon et on n’entend pas de variation de volume gênantes.

En fait, si vous voulez être libre de bouger la tête en chantant avec un micro fixe, il vous faudra vous placer à une distance respectable du micro.

Mais alors pourquoi la plupart des artistes modernes mangent presque leur micro lorsqu’ils chantent en concert ?

Les micros de 1969 étaient-ils meilleurs que ceux qu’on peut trouver aujourd’hui ?

En fait la différence ne vient pas du micro, mais du système de retours de scène.

Quand vous jouez sur scène, vous avez besoin de vous entendre, et surtout d’entendre les autres musiciens. Pour cela, vous allez avoir sur la scène des enceintes qui, au lieu d’être tournées vers le public comme les enceintes de diffusion, seront tournées vers vous.

C’est là que les ennuis commencent : le micro va capter le son des retours de scène, qui provient lui-même … du micro. Il peut se produire alors une boucle de rétroaction qui va produire un larsen : un sifflement aigu qui va vous écorcher les oreilles et celles du public.

Ce qu’on voit sur la vidéo du concert de Georges Brassens, c’est qu’il n’y a pas de retour de scène.

Brassens est placé de façon à bien entendre son contrebassiste, et réciproquement.

Donc la première leçon à tirer de cet exemple : si vous voulez pouvoir oublier le micro quand vous chantez sur une scène sonorisée : choisissez une formation qui vous permet de vous passer de retours de scène.

Vous pourrez alors placer le micro suffisamment loin de votre bouche pour pouvoir chanter comme si il n’y avait pas de micro.

Si vous jouez avec des instruments bruyants (typiquement : une batterie), ça va pas être possible, il vous faudra donc composer avec le micro.

Éviter le larsen en chantant dans un micro

Lorsque vous chantez sur scène, le signal sonore suit un chemin plus ou moins complexe qui peut engendrer un effet de Larsen.

placement de retours de scène et micros (dessin)
Trajet du signal sonore sur une scène. Dessin GN pour maisondesanimations.fr licence cc-by-sa
  1. L’onde sonore sortant de votre bouche vient exciter la membrane du microphone.
  2. Suivant que le microphone est statique ou dynamique, la membrane modifie le courant dans un condensateur ou dans une bobine. Dans les deux cas l’onde sonore crée un courant électrique dont l’amplitude est proportionnelle à l’amplitude de l’onde sonore.
  3. Le signal électrique se propage soit dans des câbles, soit dans l’espace au moyen d’ondes électromagnétiques.
  4. Dans les deux cas, le signal électrique arrive à l’entrée d’une table de mixage ou d’une console.
  5. Le signal est traité de façon plus ou moins complexe en fonction des moyens de l’ingé son. On va partir du principe que vous jouez pour un organisateur avec de petits moyens (donc pas de traitement sophistiqué contre le larsen)
  6. A ce stade le signal va être divise en deux routes : une pour le public vers les enceintes de diffusions dans la salle (les façades), et une pour les musiciens (les retours).
  7. Le signal électrique est amplifié, soit par des amplificateurs de puissance indépendants si les enceintes sont passives, soit au niveau des enceintes (il existe des enceintes dites actives qui ont un ampli intégré)
  8. Le signal électrique est transformé en ondes sonores par les enceintes (retours de scène et diffusions dans la salle)
  9. Le signal sonore se propage :
    1. Une partie du signal va se diriger directement vers le microphone
    2. Une partie rebondi sur les parois de la salle de spectacle (réflexion sonore) et par un chemin détourné va être capté par le microphone

On voit que deux problèmes peuvent se poser au sonorisateur :

  • Le premier problème, c’est la création de boucles de signal sonore et électrique entre le micro et les enceintes. Le son qui sort des retours (ou des façades si elles sont mal placées) est amplifié avec le son direct du chanteur, il passe une deuxième fois dans le système d’amplification, il retourne au micro, est de nouveau amplifié, et ainsi de suite. Si le micro capte une trop grosse proportion du son venant du système de sonorisation. Un son en général très aigu va se créer, s’amplifier dans la boucle, et exploser les tympans des malheureux spectateurs et des musiciens sur scène : c’est le Larsen !
  • Le deuxième problème qui peut se produire, c’est que le micro de chant peut capter aussi les autres instruments (basse, guitare, batterie…), et cela peut rendre difficile, voire impossible un mixage correct.

Il existe des systèmes électronique qui vont détecter le commencement de la naissance d’un larsen, et baisser dynamiquement la fréquence détectée afin d’empêcher l’amplification du larsen.

C’est en quelque sorte un équaliseur intelligent.

Ces systèmes sont utilisés par les sociétés de sonorisation professionnelles mais sont réservés pour les concert à gros budget car les bons systèmes actifs anti-larsen sont très cher car ils nécessitent des calculs ultra rapides pour ne pas dénaturer le son de la prestation.

Pour les concerts avec moins de moyens, on peut jouer sur le réglage des aigus sur la table de mixage pour essayer de minimiser les larsens. Mais on risque de dénaturer le son.

La seule méthode vraiment efficace à disposition pour les petits concerts est d’utiliser les micros de façons optimales, et c’est ce qu’on va voir dans la suite.

Bien se placer par rapport au micro

Ou plutôt : bien placer le micro par rapport à la bouche !

A ce stade, il y a deux situations : soit le micro est fixe, sur pied, soit vous tenez le micro à la main.

Chanter avec un micro fixe

Connaître votre posture sur scène

Si votre micro est fixé sur un pied, la première chose à faire est de bien régler le pied de micro.

C ‘est là que vous allez comprendre l’utilité de s’entraîner à la maison ou en répétition à chanter avec un micro.

En effet vous êtes la seule personne à vraiment savoir comment placer le micro, puisque son placement dépendra de votre posture sur scène.

Les ingénieurs du son ont souvent horreur qu’on leur dise comment placer un micro, mais vous avez parfaitement le droit d’ajuster votre micro sur scène pour être confortable.

C’est au pied de micro de s’adapter à votre taille et votre posture, et non l’inverse.

L’exemple le plus frappant est celui de Lemy, le chanteur de Motorhead, qui chantait avec le micro placé très haut et dirigé vers le bas. Cela lui permettait de chanter avec la tête tournée vers le haut. Ce n’est pas une position à recommander en général, mais Lemy justifiait cette position de chant étrange en disant que ça lui permettait de ne pas voir le public.

Pour en revenir à votre positionnement de micro, pensez bien lors de la balance à montrer à la personne qui s’occupe du son et du placement des micros sur scène votre position de chant habituelle.

Placement du micro

Une fois que vous êtes en position confortable de chant, on va régler la position du micro.

Deux paramètres vont devoir être pris en compte :

  • La distance entre le micro et votre bouche
  • L’orientation du micro

En général on place le micro à la hauteur de la bouche et à moins de 10 cm. Vous pourrez vous rapprocher lorsque vous chanter plus doucement et vous éloigner un peu lorsque vous envoyez dans les aigus.

Afin d’éviter de cacher la figure de l’artiste, on place en général la tête du micro au niveau du menton et on oriente le micro à peu prêt à 45 degrés vers le haut. Le chanteur devra se pencher légèrement pour chuchoter dans le micro.

Donc si vous avez une voix intimiste, il vaudra mieux placer le micro à hauteur de bouche pour éviter de vous pencher en permanence durant le concert.

Si vous avez une grande dynamique de chant, et si vous bougez beaucoup, vous préférerez tenir le micro à la main. Vous pourrez tirer pleinement partie des possibilités de jeu avec le micro.

Chanter en tenant le micro à la main

Pour chanter avec un micro à la main, il vous faudra d’abord un bon micro chant, c’est à dire un micro conçu pour chanter sur scène:

  • solide
  • pas trop sensible aux manipulations
  • pas trop sensible au Larsen

Il y a quelques règles pour chanter avec un micro en main :

  • La première, la règle d’or : ne dirigez jamais votre micro vers les retours ou les amplis de façade. Si vous avez lu cet article entier, vous savez maintenant comment se forment les larsen ! Pour éviter de capter le son des retours il y a quelques astuces :
    • Ne dirigez jamais le micro vers le bas : les retours sont en général posés sur le sol et dirigés vers le haut
    • Essayez dans la mesure du possible de diriger le micro vers vous même quand vous ne chantez pas, votre corps fera obstacle aux sons venus d’ailleurs
    • Si vous entendez un début de larsen, orientez votre micro vers votre bouche et chantez ou parlez, le larsen disparaîtra plus sûrement que si vous essayez de boucher le micro en l’entourant de votre main !
    • Si vous êtes très mobile sur scène, profitez de la balance pour repérer les retours et les zones qui produisent des larsen
    • si vous descendez dans la salle pour chanter avec le public, dirigez le micro côté public pour éviter le son des façades. Vous pouvez vous tourner pour regarder la scène. Si vous avez les façades dans le dos, gardez le micro très prêt de votre bouche pour que votre tête fasse écran au son venant des enceintes en façade.
  • Deuxième règle : variez la distance du micro à votre bouche en fonction du volume de votre chant. Le principe est simple :
    • Quand vous chantez fort, éloignez le micro de votre bouche
    • Et inversement, pour chuchoter rapprochez le
    • gardez toujours l’axe du micro orienté vers votre bouche pour tirer partie de la directivité du micro.
    • Évitez de rapprocher le micro lorsque vous chantez des plausives (peu teu feu …).
  • Évitez les bruits de manipulation en changeant constamment le micro de main, le mieux est de tenir le micro de votre main préférée (la droite pour un droitier) et le câble, si vous n’avez pas un micro sans fil, de l’autre.

Chanter a cappella ou avec un micro : quelle différence

Ce qu’il faut comprendre lorsqu’on chante, c’est que les différentes dynamique de chant (murmuré, voix normale, ou chanté à plein poumon) ne doivent pas nécessairement être perçues comme des différences de volume par le spectateur.

Quand vous chantez des aigus à pleine puissance, ça n’est pas pour exploser les tympans de vos spectateurs. Ça peut être pour le timbre, ou parce que vous avez besoin de chanter fort pour sortir des notes aigus. Ça dépend de votre technique de chant et de votre interprétation.

Inversement, vous pouvez avoir envie de faire ressortir votre voix parlée ou chuchotée au dessus du mix des instruments. Vous allez avoir besoin de volume sonore, indépendamment du ressenti intimiste de votre interprétation.

Le placement du micro vous permettra, avec l’expérience de varier votre palette de sentiments et d’expression vocale.